En France, plus de 2 millions de personnes souffrent de dénutrition. Les personnes âgées sont particulièrement à risque. Perte du goût, perte de l’appétit, plats inadaptés, diminution de l’activité, fatigue, voire tout simplement oubli de s’alimenter, sont autant de facteurs propices à la dénutrition de nos aînés.
Le fléau de la dénutrition concernerait 50% des personnes âgées hospitalisées, jusqu’à 40% de celles en institution et 40% des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
A partir de quand parler de dénutrition ?
On parle de dénutrition dès lors qu’une personne a des apports alimentaires insuffisants par rapport à ses besoins. La dénutrition se définit par un indice de masse corporelle (IMC) au dessous des courbes minimales des carnets de santé et par une perte de poids involontaire de plus de 5% en 1 mois ou de plus de 10% en 6 mois. Les chiffres récents portant sur la dénutrition des personnes âgées sont alarmants. Ainsi, ce fléau concernerait 50% des personnes âgées hospitalisées, jusqu’à 40% de celles en institution et 40% des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
La dénutrition de la personne âgée a largement été sous-estimée dans le passé, petut-être en raison de l’idée bien ancrée dans les esprits selon laquelle il est normal qu’un individu maigrisse en vieillissant. En réalité, une personne en bonne santé ne doit pas perdre de poids en vieillissant. Toute perte de poids chez un patient âgé doit donc alerter et faire l’objet d’une évaluation.
Les facteurs de risque de dénutrition
Si le vieillissement contribue à fragiliser le sujet vis-à-vis de la dénutrition, il n’est pas un facteur explicatif en soi. En revanche, les complications qui accompagnent le vieillissement, comme le développement de pathologies chroniques, de troubles bucco-dentaires, de troubles de la déglutition, l’installation d’une démence, peuvent, chacun à leur niveau, contribuer à faire le lit de la dénutrition. Sans oublier l’isolement, fréquent chez les personnes âgées, et la perte d’autonomie, des facteurs de risque non négligeables de dénutrition.
Les risques de la dénutrition
Qui dit dénutrition, dit carences. Chez la personne âgée, les carences entraînent directement une aggravation du pronostic des maladies existantes, et, par répercussion, du pronostic vital. La dénutrition est à l’origine d’un dysfonctionnement en cascade, c’est ce que l’on appelle la « spirale de la dénutrition ». Dénutri, le sujet âgé devient plus fragile et vulnérable aux infections. Pour lutter contre celles-ci, il va entamer son capital musculaire à défaut de pouvoir mobiliser ses réserves protéiques, avec pour conséquence la font musculaire et donc un risque accru de chutes et de fractures, notamment du col du fémur. A terme, les conséquences de la dénutrition sont donc la perte d’autonomie, l’invalidité voire le décès.
Comment remédier à la dénutrition du sujet âgé hospitalisé ou institutionnalisé ?
La première étape est tout d’abord d’en parler, briser le tabou. Une étape déjà bien amorcée avec la mise en place, en octobre 2016, d’un Collectif de lutte contre la dénutrition dont les principaux objectifs sont d’alerter les pouvoirs publics et de proposer des mesures concrètes pour endiguer ce fléau. Les médecins et autres acteurs de santé inclus dans ce collectif prônent notamment un meilleur dépistage et une meilleure prise en charge de la dénutrition en institution et dans les services de gériatrie, grâce à des pesées quotidiennes ou encore au développement d’unités transversales de nutrition (UTN), des équipes mobiles pilotées par un médecin nutritionniste et qui peuvent aussi bien intervenir à la demande que mener des actions de dépistage.
Par ailleurs, pour améliorer les apports alimentaires des personnes âgées, dont le goût a tendance à diminuer avec le temps (notamment le goût salé), il est important de leur proposer des aliments sapides. Il ne faut donc pas avoir à l’esprit des idées trop strictes de menus dits « diététiques » ou « équilibrés » mais plutôt miser sur le plaisir gustatif ressenti. D’autre part, les aliments denses en énergie et en protéines (gâteaux de riz, de semoule) sont à privilégier et, quand la situation le nécessite, des compléments alimentaires et/ou une supplémentation en vitamine D peuvent être conseillés.
Source : Pause Santé, n°72, printemps 2017