Découvertes

Fabrication d’un intestin fonctionnel en laboratoire

Des chercheurs français et américains ont réussi pour la première fois à concevoir un intestin fonctionnel qui permettra de mieux comprendre certaines maladies et d’effectuer des tests médicamenteux.

Qualifié parfois de « deuxième cerveau », l'intestin, joue un rôle important via son propre système nerveux, et sa fonction ne se limite donc pas au transport des denrées alimentaires. Des chercheurs français de l'Inserm et américains du Cincinnati Children's Hospital Medical Center viennent de recréer – pour la première fois – un intestin humain fonctionnel avec des cellules souches humaines.

Pour y parvenir ils ont développé une approche innovante d'ingénierie tissulaire associée à l'utilisation de cellules souches. Y ont été ajoutées des molécules destinées à diriger leur différentiation en tissu intestinal. Le processus était quasiment identique à celui déjà utilisé en 2010 et 2014 par le même laboratoire qui avait rendu fonctionnelle la toute première génération de tissus intestinaux humains artificiels. Mais il y manquait le système nerveux indispensable à l'absorption des nutriments et à l'évacuation des déchets.

Pour résoudre ce problème, les chercheurs ont créé des cellules nerveuses au niveau embryonnaire, avant de les utiliser pour constituer des neurones précurseurs des cellules nerveuses entériques. Une réussite car cela a permis d’obtenir un tissu humain ressemblant à l'intestin fœtal en développement.

Les organes artificiels ont ensuite transplantés dans des souris de laboratoire dépourvues de système immunitaire. « Les données de l'étude montrent que les tissus fonctionnent et sont structurés d'une manière remarquablement similaire à celle d'un intestin humain » précisent les auteurs.

Ce travail remarquable a déjà permis d'étudier la maladie de Hirschsprung, une pathologie rare dans laquelle rectum et côlon ne développent pas de système nerveux, ce qui provoque des troubles intestinaux comme constipation et occlusion intestinale. Demain, il permettra sûrement à l’avenir de mieux comprendre certaines maladies digestives et d’expérimenter de nouveaux traitements.

Source lepoint